Le jour de la rentrée
Tout comme au mois de juin dernier, il
y avait du monde dans la petite cour. Tout comme au mois de juin
dernier, à côté du portillon de bois mal en point, on serrait des
mains, on embrassait des joues, on ébouriffait des tignasses blondes
d'un geste tendre.
Il y avait du monde, mais peut-être un peu moins qu'en juin.
Il
y avait des sourires, des embrassades, des rires, des "bonjour toi, ça
va?", mais on parlait peut-être un peu moins fort qu'en juin.
Il y avait de nombreuses têtes connues, mais il y avait aussi des visages nouveaux.
Il y avait des enfants plus grands mais il y avait aussi des presqu'encore bébés.
L'émotion était là mais ce n'était pas la même.
C'est que les grandes personnes ne venaient pas voir les petites danser et chanter comme en juin; elles venaient les regarder s'en aller, encore un peu plus loin qu'en septembre l'année dernière...
Le 2 septembre, c'était début d'année, pas fin d'école.
Un
peu intimidés, le petit garçon et la petite fille regardaient.
Elle
regardait derrière, guettant l'arrivée de la grande copine d'avant les
vacances. Allait-elle bien venir et n'avait-elle pas déménagé? C'était
bizarre, ce retard...
Il regardait sur le côté, cherchant son
pourvoyeur de cartes Pokémon. S'extasierait-il devant la moisson amassée pendant l'été?
Ils regardaient devant, là où une brochette de maîtres
se mettait en place avec de drôles d'airs de conspirateurs. Laquelle
des deux nouvelles s'apprêtait à leur ouvrir le monde du livre?
Laquelle était la Catherine annoncée par leur chère Sandrine avant les
vacances?
Au prétexte d'aller soulager une envie pressante dans le bâtiment familier, la petite fille s'échappa du côté des maîtres. Si près de la chère maîtresse d'avant, elle ne pouvait pas faire autre chose que d'aller vers elle, lui tendre deux bras avides et s'en faire embrasser, la couvrir elle-même de petits bisous et de déclarations d'amour...
Et puis ce fut l'heure des choses sérieuses.
A l'appel de leur nom, le petit garçon et la petite fille s'élancèrent vers la maîtresse de CP.
Le petit garçon prit la petite fille par la taille et ils s'élancèrent.
Comme ça.
Tout en douceur et en tendresse.